Rencontre avec Charlotte Lefebvre
La rencontre avec Charlotte Lefebvre se passe au Studio Baladin, où elle propose un cours de danse pour enfants le mercredi. L’atmosphère est propice à un échange sincère et ouvert, le Studio baigne dans la lumière, éclairé par un toit en verre, il y a des tables et des bancs, invitant à faire une pause au milieu d’immenses plantes en pot.
Charlotte, souriante, raconte ses débuts à Hambourg, pas faciles. La barrière de la langue, le choc interculturel :
« Ils ont une façon très différente d’enseigner la danse ! » explique-t-elle.
La jeune femme commence à donner des cours en tant que remplaçante mais le cœur n’y est pas :
« Pour moi, dans l’enseignement, il y a une part très importante de l’humain et de la connexion avec les gens. Là en allemand, je n’arrivais pas à exprimer les choses en nuance, en finesse, à me connecter à mes élèves comme j’aurais aimé, le vocabulaire me manquait. »
Après une rencontre avec une professeure de danse anglophone, des portes s’ouvrent et l’idée naît dans sa tête de proposer des cours en langue française.
« Je ressentais le besoin de travailler dans ma langue maternelle, de pouvoir m’exprimer artistiquement parlant dans le détail, de me connecter à mes élèves. J’ai loué un studio. Pour rentrer dans mes frais, il me fallait au moins trois inscrites ! » et elles sont venues, ces trois premières élèves, elles sont venues et elles sont restées.
Cela fait maintenant deux ans que Charlotte a créé ses cours.
« J’ai même ouvert un second cours pour adultes et un cours pour enfants de 4 à 7 ans, se réjouit-elle, ces cours, c’est comme un cocon, nous avons notre petite communauté francophone, le temps d’un cours de danse. Nous nous retrouvons souvent après les cours pour échanger, boire un verre, manger ensemble. Pour moi, c’est comme retrouver une famille ! Et on en a besoin, quand on est expat ! On laisse tomber nos défenses, on n’a plus besoin de réfléchir parce qu’on parle notre langue maternelle, les liens se créent plus vite et plus forts. »
Ces liens l’ont amenée à monter une compagnie de danse franco-allemande.
« Avec onze élèves, allemandes et françaises, nous avons commencé ce projet qui me tient particulièrement à cœur. J’avais envie de mettre mes élèves sur scène. J’aimais l’idée de créer des liens entre Français et Allemands, l’idée d’un échange culturel. Du coup, nous sommes en train de monter notre première pièce. La choré est un travail de groupe, les danseuses participent au processus de création, je m’occupe de la mise en scène. Pour composer la musique, je suis allée chercher des musiciens français et allemands, j’ai participé à la création des costumes. Nous espérons pouvoir monter sur scène en janvier ! » explique-t-elle enthousiaste.
Charlotte a toujours voulu être danseuse, à la question : « quel métier aurait-elle choisi, si elle n’avait pas pu devenir danseuse », elle s’arrête, perplexe :
« Peut-être thérapeute, comme j’ai fait des études de psycho et que j’ai un diplôme de danse-thérapeute mais je ne suis même pas sûre. Danseuse, c’était ma vocation. Mes parents m’ont dit que depuis toute petite, je parlais de devenir danseuse, je dessinais des danseuses. Mon premier souvenir de danse, c’est mon premier spectacle, j’avais six ans. Nous dansions sur « Barbie Girl » de Acqua, chacune de nous avait une Barbie et était habillée comme sa Barbie. Moi, j’avais Barbie danseuse étoile. Ma grand-mère avait réalisé mon costume, un petit tutu, raconte-t-elle le sourire aux lèvres, oui c’est ça mon premier souvenir. »
Barbie danseuse étoile, un signe ! Charlotte a suivi une formation initiale en danse jazz avant de s’orienter vers la danse contemporaine. Pourquoi un tel choix ?
« Parce que pour moi, la danse contemporaine, ça signifie liberté ! La liberté de danser au sol, de sortir de ton axe, la liberté suprême, tout est possible avec le corps, tu peux expérimenter. Tu bouges différemment, tu prends conscience de ton corps autrement. Il y a des mouvements que tu ne fais pas en danse classique, en danse contemporaine, rien n’est figé. »
Charlotte a dansé aux Etats-Unis, en Afrique, en Europe, elle a suivi des cours en anglais, en espagnol, ses influences sont aussi diverses que ses expériences de danseuse :
« J’aime énormément le travail de Ohad Naharin avec sa compagnie de danse la Batsheva. Sa technique, Gaga Dance, fait beaucoup sens dans mon corps. Sa façon de faire bouger les corps, ce qu’il fait chorégraphiquement parlant, ça me parle. »
Pour elle, tout doit être mis au service du corps, de l’expression, des mouvements :
« Ma tenue de scène idéale est une tenue fluide, qui bouge avec moi, qui ne gêne pas mes pas, des trucs amples et les pieds nus. Une tenue qui est neutre. Le costume ne doit pas forcément signifier quelque chose, être vecteur d’un message donc une tenue couleur chair, quelque chose de sobre pour laisser toute la place au corps. »
Charlotte est convaincue que chacun peut danser :
« Une respiration, c’est déjà un mouvement. Lever le bras aussi. On danse tous ! On a tous ça en nous. Dans mes cours, je n’ai pas d’attentes techniques envers mes élèves. Je fais en sorte que mes cours soient accessibles à tous, que chacun puisse prendre ce qu’il a à prendre. Avec les enfants, je travaille aussi comme ça. Chacun peut essayer, le cours d’essai est gratuit. C’est une possibilité pour les curieux de venir voir si mes cours leur plairaient. J’aime l’idée de faire découvrir la danse contemporaine aux gens, de rompre les clichés sur cette danse. »
La danse pour Charlotte, c’est la liberté, le plaisir, la connexion à soi. Cela appelle à lâcher prise, à ressentir, à sentir ses émotions. Danser, c’est faire des expériences, penser à son bien-être.
« Mes cours sont aussi un moment de sociabilité, ajoute-t-elle, cela met du baume au cœur pour le reste de la semaine. »
Alors, laissez-vous tenter ! Allez faire quelques pas de danse avec Charlotte ! Peut-être que vous serez surpris, étonnés du plaisir que vous trouverez à vous laisser chavirer.
Pour plus d’informations, visitez le site de Charlotte Lefebvre : https://www.danserchavirer.com/